Quand je vais chez Mamie, on passe au moins une soirée à tricoter devant “notre” télé quand Papi regarde le foot. Mamie, c’est une guerrière du tricot. On n’a même pas le temps de comprendre comment elle fait, les mailles montent toutes seules. Elle a beau me dire dernièrement qu’elle ne s’embête plus avec les torsades et autres motifs – parce que compter ça la fatigue – et qu’elle tricote de moins en moins, j’ai toujours été impressionnée par sa rapidité. Je me disais que Mamie était un peu magicienne.
Puis, au fil de mes promenades sur le web, j’ai entendu parler de la méthode de tricot dite “continentale”. Par opposition à la méthode insulaire, j’imagine. Sauf que j’habite sur le continent et que je ne l’utilisais pas. Mais peu importe le nom, il s’agit juste de la main dans laquelle on tient le fil quand on tricote. Et là, dans un flashback mental, je me souviens de Mamie qui me disait “Oui ton arrière-grand-mère, elle tricotait tout lentement, elle repassait le fil à chaque fois alors que moi non”. De là, j’avais dit à Mamie que moi aussi je repassais le fil à chaque fois mais “Oh oui mais toi c’est plus efficace quand même”. Je n’ai plus trop de souvenirs de mon arrière-grand-mère en train de tricoter, je vais donc croire Mamie sur parole. Toujours est-il que sans avoir l’air d’y toucher, elle avait mis le doigt sur cette histoire de main qui tient le fil.
Si l’on tient son fil dans la main droite, à chaque fois que l’on pique l’aiguille dans une maille, on doit enrouler le fil autour de l’aiguille, ce qui oblige à plus ou moins lâcher l’aiguille tenue en main droite. Si l’on tient son fil dans la main gauche, il suffit “d’attraper” le fil avec le bout de l’aiguille. Gain de mouvements = gain de temps.
Mais alors, si Mamie tricote comme ça, pourquoi ne m’a-t-elle pas montré de cette façon dès le début ? Plusieurs théories à cela.
- La première c’est qu’elle m’a effectivement appris comme ça mais puisque je n’ai pas tricoté pendant plusieurs années avant de m’y remettre, je ne m’en souviens plus.
- La seconde c’est que c’est plus facile de détailler, expliquer et décomposer les gestes pour un enfant en tenant le fil en main droite.
Tout ça pour vous dire que mon pull Petronella est mon premier ouvrage tricoté en méthode continentale ! Cela fait plusieurs années que j’essaie et que j’abandonne, car croyez-moi, revenir sur un automatisme cela demande pas mal de travail et d’investissement et au début, ce n’est vraiment pas rentable ! On va lentement, on a des problèmes de tension… Mais petit à petit, à force de vidéos pour voir comment bien gérer la tension de fil et de persévérance, j’ai fini par y arriver. Je ne suis pas encore une sprinteuse du tricot, mais on s’en rapproche. Conclusion, si vous voulez passer à la méthode continentale sans vous arracher les cheveux, commencez par de petits ouvrages comme des carrés pour une couverture, ça ne sera pas très grave s’ils sont un peu moches et au pire s’il faut défaire vous n’aurez pas passé des journées dessus.
Le pull est réalisé avec le fil recommandé pour le modèle, en taille S. C’était la première fois que je testais cette qualité de fil chez DROPS et c’est un régal à tricoter, le fil est tout rond, glisse bien. Après essayage, je trouve que j’ai un peu trop de matière au-dessus de la poitrine, au niveau de l’emmanchure. Je pense que c’est tout simplement trop haut pour mon buste, il aurait fallu quelques rangs de moins. La plus grosse difficulté pour moi a donc été de le tricoter en tenant le fil dans ma main gauche. J’ai pourtant l’impression d’avoir été globalement plus vite que sur d’autres projets précédents du même type. Le fait de tricoter sur des aiguilles circulaires a sans doute joué aussi. Je n’arrive toujours pas à monter les mailles dessus, j’utilise une aiguille droite et passe sur les circulaires au premier rang, autrement mon rang de montage n’est pas régulier. C’est un modèle simple à faire, juste la méthode des jetés à maîtriser pour le point ajouré des épaules. Il est tricoté de haut en bas, d’une seule pièce : il ne comprend donc aucune couture. Et ça c’est agréable. Car rien ne m’enquiquine plus que les finitions. Vous savez, quand vous avez terminé votre morceau principal et qu’il reste encore une bande d’encolure à faire et assembler, des coutures de côtés… C’est le genre de tâches qui donnent l’impression qu’on n’arrivera jamais au bout. Moins il y en a, mieux je me porte !
Je suis toute contente de réussir à tricoter des mailles endroit en mode guerrière du tricot, je m’entraîne maintenant sur les mailles envers. J’ai repéré plusieurs méthodes et ai opté pour la norvégienne qui permet de garder toujours le fil derrière l’aiguille. Si elle semble tarabiscotée au début, je commence à l’apprivoiser. Je lorgne maintenant sur les techniques pour faire des torsades sans troisième aiguille…
modèle : Petronella de chez DROPS
fil : coton Muskat lilas de chez DROPS
taille : S